jeudi 6 septembre 2012

Nos signataires s'expriment : Un pacte budgétaire pour la relance de l'Europe

Le 2 mars 2012, un nouveau traité dit «Pacte budgétaire» a été adopté par les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro. Ce traité est d'une importance capitale.

Sans entrer dans les détails, l'objectif de ce traité est de faire inscrire le principe de l'équilibre budgétaire dans le marbre des institutions des différents pays de la zone euro. Mais il ne tient pas compte de la situation économique particulière des pays qui, tous à part l'Allemagne, sont plus ou moins déficitaires. En gros, avant la création de l'euro, chaque état avait la possibilité d'ajuster son économie en dévaluant sa monnaie. Depuis la création de l'euro, il n'existe plus cette possibilité d'ajustement d'où les règles de discipline budgétaire imposées par le Pacte que n'avaient pas réussi à faire respecter Maastricht et Lisbonne.

Le Pacte budgétaire est en fait un système de pilotage automatique qui n'offre, à chaque état, que le choix de l'austérité sous peine de se voir infliger de lourdes sanctions financières.

Que va devenir la zone euro si chaque pays qui la compose, à la fois client et fournisseur des autres, entre dans une longue période de récession ?


«En paralysant les politiques budgétaires nationales, en installant la prétendue "règle d'or" budgétaire, ce traité va plonger l'Union européenne dans une austérité perpétuelle qui engendrera précarité, chômage, baisse des protections sociales et des services publiques...explosion de l'euro ... et... poussée des extrêmes» (Les économistes atterrés) .


François Hollande a fait campagne lors des présidentielles sur la nécessaire relance des investissements européens (afin de compenser la baisse d'activité attendue).

Aujourd'hui le gouvernement se trouve devant le dilemme suivant:

  • accepter le pacte coercitif perpétuel assorti des mesures de relances conjoncturelles obtenues lors des négociations sous l'impulsion de François Hollande cet été avec des conséquences prévisibles à terme dramatiques pour les peuples européens
  • ou bien refuser le pacte "Merkozy" avec le risque que les marchés financiers jouent contre la France isolée et augmentent ainsi les intérêts de sa dette.

Il appartient au gouvernement d'éviter cet isolement. Il doit trouver les moyens de prolonger le délai de signature de ce traité en attendant que de nouveaux pays européens se joignent au concert des nations récalcitrantes et modifier ainsi le rapport de force.

Par ailleurs, il nous paraît évident que les marchés financiers ne se satisferont pas de la perspective générale d'une récession européenne.


Il convient donc de s'attaquer au plus tôt aux causes structurelles de la crise.

En outre, si nous nous déclarons résolument pour la réduction des déficits, nous pensons, avec de nombreux économistes, que des mesures doivent être prises afin de mener les économies des pays européens vers une harmonisation par le haut, condition indispensable pour créer une monnaie unique stable.


C'est pourquoi nous préconisons l'ensemble des mesures suivantes:

  • le contrôle démocratique du secteur financier en Europe: il passe par la garantie des dettes publiques par la BCE, la renégociation des prêts à taux excessifs, le non remboursement des actifs accumulés par l'évasion fiscale, l'interdiction aux banques et aux entreprises européennes d'avoir des activités dans les paradis fiscaux, la séparation des banques de dépôts et des banques d'affaires, la constitution d'un puissant pôle public européen sous contrôle démocratique...
  • la mise en place de critères de convergence en matière fiscale et sociale.
  • la mise en œuvre d'une stratégie pour une croissance sociale et écologique : revalorisation de la Politique Agricole Commune, politique industrielle organisant l'indispensable transition écologique...

Jean-Pierre Guilbert

1 commentaire:

  1. Je pourrais co-signer le texte de Jean-Pierre Guilbert sur l'Europe que s'il n'y avait la phrase :

    "Il appartient au gouvernement d'éviter cet isolement. Il doit trouver les moyens de prolonger le délai de signature de ce traité en attendant que de nouveaux pays européens se joignent au concert des nations récalcitrantes et modifier ainsi le rapport de force."

    Avec cette phrase je ne suis pas d'accord ! Notre contribution appelle au debat : elle est signée par des personnes qui ont des points de vue differents sur la question euopéenne, non pas sur le but à atteindre : nous voulons tous aller à "l'idéal", mais sur la stratégie pour y parvenir, en partant du "réel" selon la belle phrase de Jaurès si souvent citée.

    Alors quel est le réel ? Depuis son election en mai 2012, F. Hollande a dejà changé les rapports de forces : tout en rendant sa première visite à Angela Merkel, F.Hollande s'est appuyé sur les représentants de l'Itale et de l'Espagne pour rendre un peu moins pregnant le couple franco-allemand et c'est souhaitable. Une union à 27 pays doit respecter chacune de ses composantes et c'est essentiel : dans un compromis européen chaque chef d'Etat ou de gouvernement ne gagne pas tout ce qu'il veut, il faut élargir les discussions et les alliances. F. Hollande a ainsi établi un leadership faisant valoir effectivement que l'Allemagne seule ne peut gagner de voir appauvris ses partenaires commerciaux. Maintenant que la voix de Hollande compte sur la scène européenne, en ayant gagné sur le "pacte additionnel de croissance ", quel affaiblissement ce serait d'attendre ! D'attendre quoi et qui ?
    Il faut que Hollande arrive fort de sa position dans les négociations ultérieures, soutenu par son gouvernement en entier et par son parlement, et c'est alors que d'autres pays suivront et non l'inverse.
    C'est de mesures fortes dont nous avons besoin au niveau européen : la taxe sur les transactions financières, la supervision bancaire en font partie pour domestiquer la finance. Il ne faut pas perdre les acquis par des tergiversations. Attendre ne ferait que nous faire perdre ce qui permet d'aller vers plus d'idéal et faire perdre la partie gagnée par l'election de F. Hollande.

    Nicole Fondeneige (socialiste française résidant à Bruxelles - secrétaire de section - FFE
    Signataire de la contribution citoyenne et co-mandataire pour la FFE)

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